
Novembre 2022


Les terres rares sont souvent présentées comme un argument pour attaquer les voitures électriques, les éoliennes, le photovoltaïque. Elles seraient ultra polluantes et l’apanage de ces symboles d’une écologie irrationnelle. Cette idée est en grande partie fausse.
Les terres rares sont des métaux, qui ne sont pas rares. Elles sont largement présentes dans l’écorce terrestre sur l’ensemble de la planète, davantage que des métaux d’usage courant comme le cuivre. Elles sont surtout peu rentables à exploiter et pour les raffiner il faut développer un savoir-faire sur lequel les Chinois ont massivement investi, les Européens étant en retard. Les terres rares regroupent une famille de 17 éléments du tableau de Mendeleïev, dont le cérium (40%), le lanthane (28 %) et le néodyme (18%). Le lithium et le cobalt ne sont pas des terres rares.
A quoi servent-elles ? En raison de leurs propriétés multiples, elles sont utilisées dans un grand nombre d’applications industrielles et d’objets d’usage courants. Dans le désordre : pierre à briquet, pots catalytiques des voitures thermiques, catalyseurs, poudres de polissage et additifs de verre (pour les lunettes de soleil par exemple), écrans, fibres optiques, pigments et lasers ; et pour les aimants (20% des utilisations des terres rares), car elles permettent des aimants beaucoup plus puissants et donc miniaturisés, utilisés pour les disques durs, les téléphones portables, les IRM et il est vrai certains moteurs de véhicules électriques. Les terres rares sont donc utilisées partout et pas d’abord dans les produits de l’écologie.
D’ailleurs, il n’y a plus de terres rares dans les batteries des véhicules électriques ! En revanche, certains moteurs en contiennent. Mais elles ne sont pas indispensables, comme le montrent certains moteurs qui n’en contiennent plus du tout, au prix d’un alourdissement du véhicule et d’une utilisation plus importante de cuivre et d’aluminium. Surtout, il y a des terres rares dans tous les véhicules, thermiques et électriques, dans l’électronique par exemple.
Pour ce qui est du photovoltaïque, la quasi-totalité utilise des technologies à base de silicium, qui n’est pas une terre rare.
Restent les éoliennes : plus de 80% des éoliennes terrestres utilisent peu ou pas de terres rares. En revanche, en mer, les éoliennes off-shore utilisent beaucoup de terres rares, qui sont difficilement substituables car elles réduisent les besoins de maintenance.
Pour conclure, les terres rares sont loin d’être une spécificité de la transition énergétique ! Elles ont un impact écologique négatif, mais localisé. Surtout, il est possible de le réduire avec des normes plus strictes. Les Européens, en retard sur l’accès aux réserves et sur le raffinage, auraient tout intérêt à développer ces compétences rapidement car elles sont stratégiques pour un très grand nombre d’applications industrielles.
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