Janvier 2023

S’affranchir des notations extra-financières pour investir dans la transition ?

 

La recherche académique a récemment développé de nouvelles manières pour encourager les investissements dans les entreprises bas-carbone, en créant un portefeuille long en actions « vertes » et short (ou vendeur) en actions « brunes ».

 

En s’appuyant sur des données de performance extra-financière, une équipe de l’université d’Augsburg a créé un score[1] qui évalue le risque lié à la transition bas-carbone auquel les entreprises s’exposent : les entreprises dites « brunes » ne s’adaptent pas suffisamment à une économie bas-carbone, les entreprises dites « vertes », au contraire, diminuent leur exposition à ce risque. D’autres travaux de recherche, menés par l’équipe de T. Roncalli, montrent qu’il est possible de créer un facteur long/short en s’appuyant uniquement sur l’empreinte carbone d’une entreprise, appelé facteur brown-minus-green[2]. Cependant deux problématiques apparaissent avec ces portefeuilles : la donnée de performance extra-financière a souvent plus d’un an d’ancienneté, ce qui rend les portefeuilles difficiles à dynamiser ; par ailleurs l’utilisation de l’empreinte carbone ne suffit pas pour identifier certaines entreprises pleinement investies dans la transition écologique. Par exemple, les entreprises dites habilitantes, comme les constructeurs d’éoliennes, de panneaux solaires ou de matériaux d’isolation, n’ont pas nécessairement une empreinte carbone très faible, mais permettent à d’autres entreprises ou au consommateur de diminuer leurs propres émissions.

 

Fideas Capital s’est engagée dans la recherche finance et climat, en travaillant sur une nouvelle méthode pour créer un facteur long/short qui reflète l’intégration des entreprises dans la transition bas-carbone en s’affranchissant des données d’émissions de GES. En s’appuyant sur les signaux de prix donnés par des indices bas-carbone, des paniers d’entreprises habilitantes et/ou très « vertes », notre équipe de recherche réussit à différencier les entreprises qui s’investissent dans la transition, notamment les entreprises habilitantes, de celles qui ne se mettent pas en transition.

 

Ce facteur lié à la transition bas-carbone est décorrélé des facteurs classiques de capitalisation, de valorisation et de momentum. Il pourrait notamment permettre d’identifier statistiquement et de s’intéresser précocement à des entreprises auxquelles le marché reconnait une « accélération verte ».

Est-ce aux entreprises et à la finance de dire ce qui est bien et ce qui est mal ?

Curieuse question… dont certains diront que la réponse a été … « oui » depuis de (trop ?) nombreuses années ! Face aux enjeux climatiques, et notamment depuis la COP21, le fameux accord de Paris, les Etats se sont engagés à abaisser leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Comment ? Essentiellement en demandant aux entreprises de le faire à leur place. Et comment s’en assurer ? En faisant en sorte que « la finance » fasse le travail. Plutôt que d’imposer, l’idée a été de demander au capitalisme de s’organiser pour faire pression sur le système pour qu’il s’améliore. Les acteurs financiers, à la faveur d’une réglementation financière et bancaire en évolution, se sont mis en marche. La réglementation a d’abord demandé un suivi du sujet. Par exemple l’article 173 de la Loi sur la Transition Energétique de 2015 en France « invitait » les sociétés de gestion de portefeuille et certains investisseurs institutionnels à publier des informations sur les modalités de prise en compte des critères relatifs aux objectifs environnementaux, sociaux et de qualité de gouvernance (ESG) dans leurs politiques d’investissement et de gestion des risques. Puis la réglementation a « invité » à une vraie gestion du risque de durabilité des investissements, pour arriver par exemple à la réglementation SFDR sur la classification des fonds. L’article 9 de la réglementation SFDR demande ainsi aux sociétés de gestion d’investir dans des sociétés durables, cette caractéristique étant donnée par leur propre définition.

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