Mai 2023
Editorial : Transition écologique, cherchez la compétence !
Le ministre Roland Lescure appelle à la décarbonation de l’industrie. Pour nous, en finance durable, derrière les basiques du green que sont les énergies renouvelables, les mobilités douces, la construction à énergie positive et la condamnation du bœuf, les sujets industriels sont d’une tout autre complexité.
La taxonomie nous dessine un monde idéal où des trains (NACE H49.1.0) et des voitures électriques (NACE C29.1.0) circulent dans des forêts nouvelles (NACE A2.1.0), entre lesquelles s’ouvrent des plaines véganes, peuplées d’éoliennes (NACE D35.1.1), pour rejoindre des villes à énergie positive (NACE F41.2.0)… Entre cette image optimiste et la réalité actuelle, un rude chemin de transition et beaucoup d’autres sujets que les basiques du green !
Il faut d’abord savoir choisir l’objectif, sans doute médian, entre une frugalité dont les économistes peinent à anticiper les impacts macro-économiques, et qui est le leitmotiv des ONG, et des solutions technologiques qui ont la préférence de … certains ingénieurs.
Les acteurs de la finance poussent, tirent et engagent, achètent et excluent sous une règlementation toute fraiche, la férule vigilante des tutelles et l’exigence militante des ONG.
Et pourtant, que savent-ils précisément du sujet, quelle perception claire des choix techniques sous-jacents ; ont-ils lu les BREFs de plusieurs centaines de pages qui posent les enjeux et décrivent les chemins de transition et les CAPEX ? savent-ils, pour la plupart, seulement qu’ils existent ?
Et les effets macro-économiques, où sont-ils étudiés ? Ce domaine est à peine investi par la recherche !
La bonne volonté de la finance durable est entière, mais parfois peu informée, trop souvent morale et moralisatrice. Elle rejette les fossiles mais roule sans avoir encore échangé son diesel, elle prend le métro jusqu’à l’aéroport et plante des arbres qui absorberont en 30 ans le CO2 de son voyage du jour.
Il est complexe de faire, au cœur des économies, des choix informés entre ce qui peut se transformer et ce qui doit régresser.
Trop souvent, les gérants se consacrent à construire des portefeuilles qui font la roue, comme des paons, affichant tous les mêmes plumes du catalogue des basiques du green. Il faut plutôt investir les acteurs essentiels de la transition, les sociétés qui doivent encore faire la leur !
A qui appartiennent les compétences, la définition des chemins de transition sectoriels, la capacité à réguler et diriger la pression positive des investisseurs, afin qu’elle s’applique au mieux à ces acteurs essentiels.
Ici en France, nous avons l’ADEME, dont il nous semble qu’on doit l’écouter et la consulter plus dans le débat de la finance durable. C’est à l’ADEME que nous déposons, et ça n’est pas un hasard, nos rapports selon l’Art. 29 de la Loi Energie et Climat. C’est sans doute à l’ADEME que nous devons aller chercher la science qui nous manque, à nous, financiers, pour faire notre métier en faveur du climat.
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Juillet 2023
Editorial : La tarification du carbone, est-ce vraiment utile et efficace ?
Oui ! Et ce malgré un paradoxe apparent. D’un côté, les économistes plébiscitent une forme de tarification du carbone, que cela soit via des taxes, qui permettent aux Etats de fixer un prix au carbone, ou des quotas, ..../...
En savoir +Juin 2023
Les défis du plan français de réindustrialisation verte
L'heure a sonné d'une nouvelle révolution industrielle avec le développement de « l’industrie verte » ou décarbonée. En France, c’est l’ambition de la loi industrie verte. Elle s'inscrit au sein d'un ensemble beaucoup plus vaste destiné à permettre la transition écologique du pays. La nouvelle loi va s'inscrire dans le cadre du grand plan de relance France 2030, elle s'appuiera sur le Secrétariat Général à la planification Ecologique (lequel a pour mission d'assurer la cohérence et le suivi des politiques à visée écologique, d'initier et de cadrer la mobilisation des ministères et parties prenantes, de coordonner toutes les négociations et enfin de mesurer la performance des actions menées).
En savoir +Avril 2023
Sciences, climat et politique
Editorial : Sciences, climat et politique Le GIEC vient de sortir un nouveau rapport d’évaluation qui propose une synthèse de toutes les avancées scientifiques qui ont eu lieu depuis 2015 sur le réchauffement climatique. Comme le rappelle le Ministère de la Transition écologique, « depuis plus de 30 ans, le GIEC évalue l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts. Il identifie également les possibilités de limiter l’ampleur du réchauffement climatique et la gravité de ses impacts et de s’adapter aux changements attendus.
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