Mars 2023

Des algues pour capter le CO2

Les microalgues sont aujourd’hui une voie prometteuse pour capter le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. Peut être qu’avant de parler du principe des microalgues nous devons rappeler que le captage et le stockage du CO2 est essentiel si on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C voire 2°C. En 2020 les activités humaines ont émis 40 milliards de tonnes d’équivalent CO2. Les océans et la végétation ont capté environ la moitié de ces émissions. Mais l’autre moitié reste dans l’atmosphère, ce qui augmente l’effet de serre. Bien sûr la priorité est de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais cela ne sera pas suffisant et il faut absolument développer des technologies pour capter les gaz à effet de serre atmosphériques.

Comment les algues captent le dioxyde de carbone ?

Par la photosynthèse. Rappelez-vous : la photosynthèse est un processus par lequel les plantes poussent. Elles captent le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère, puisent l’eau du sol et utilisent l’énergie solaire pour produire de l’oxygène et de la matière organique, où est stocké le carbone. Les algues ont d’ailleurs joué un rôle prépondérant il y a 2,4 milliards d’années, lors de la Grande Oxydation : l’atmosphère était 5 fois plus chargée en CO2 qu’aujourd’hui, et la photosynthèse a permis d’en capter une grande partie, de libérer de l’oxygène et de développer la vie de nombreux être vivants.

Et aujourd’hui nous pourrions utiliser le même principe pour capter le surplus de CO2 dans l’atmosphère ?

Oui ! De nombreux projets sont en cours de développement pour cultiver des microalgues capables de capter de grandes quantités de dioxyde de carbone. En voici quelques-uns :  le projet Vasco2 à Fos-sur-mer près de Marseille, qui rassemble plusieurs partenaires dont l’ADEME, Total ou encore Arcelor Mittal. Ce sont 12 bassins de microalgues qui captent les fumées industrielles des usines. Le projet est encore expérimental mais pourrait potentiellement être développé à l’échelle industrielle. Une fois qu’elles sont saturées en CO2, les microalgues peuvent servir à beaucoup de choses : elles peuvent devenir des biocarburants, on peut aussi les utiliser en pharmacie ou en cosmétique. Une ferme de microalgues a été lancée en Bretagne pour recycler le lisier, qui libère du méthane et du dioxyde de carbone. C’est un projet d’échelle semi-industrielle et de nombreuses recherches sont en cours pour valoriser la chlorelle, un type de microalgues que l’on peut utiliser dans la fertilisation des terres, dans la nutrition animale et aussi dans des boissons vitaminées.

Les algues semblent être la panacée pour le climat ! Est-ce qu’il n’y a pas des obstacles au développement des cultures de microalgues et de leur valorisation ?

D’abord, il faut valider le bilan écologique, car ce genre de projet nécessite énormément d’espace et des infrastructures importantes. Mais il y a aussi un gros frein, le prix ! Actuellement le coût de captage d’une tonne de CO2 par utilisation de microalgues va de 230 à 920 dollars, selon les projets, alors que le prix du carbone sur le marché européen est actuellement à 50 dollars la tonne. Donc cela n’incite pas les entreprises à développer des projets de microalgues pour capter leurs émissions de CO2 : il vaut mieux acheter des quotas carbone et continuer d’émettre. Il faut, là comme souvent, que recherche et économies d’échelle fassent baisser le coût, pendant que monte le prix des quotas carbone.

Finalement est-ce que les algues sont une piste à suivre pour capter le CO2 ?

Oui quand même, car de grandes entreprises et des investisseurs peuvent aider à financer la recherche pour développer ce type de projets à l’échelle industrielle et en diminuer les coûts. Bien sûr cela ne suffira pas à résoudre le problème du réchauffement climatique, mais c’est très prometteur, notamment si on arrive à valoriser les algues en biocarburants à bas coût : on arrêterait de puiser du pétrole enfoui et on mettrait en place des circuits vertueux d’utilisation de l’énergie ! Donc il faut investir dans les projets de recherche, tout en continuant à réduire nos émissions.

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