Novembre 2024
Edito – La transition, c’est du temps long !
Nous sommes en 2050, dans 26 ans seulement. 2050 est aujourd’hui l’année de tous les objectifs climatiques notamment pour l’Union Européenne. Si bien que nous nous sommes demandé comment on racontera l’histoire de la lutte contre le réchauffement. Les Etats auront-ils atteints leurs objectifs de neutralité carbone?? Dans quel état sera le monde?? Ce qui est sûr, c’est que les journalistes, les historiens qui se spécialiseront sur cette question prendront du recul pour extraire les dates clés d’avancées ou de renoncement des responsables politiques et économiques. Et se poser cette question aujourd’hui a un mérite, aussi bien pour les personnes les plus engagées pour préserver la planète que pour ceux qui n’en tiennent pas compte, ce mérite est celui d’essayer de donner un sens aux événements, de mesurer la vitesse, ou la lenteur des initiatives collectives.
Nous ne prétendons évidemment pas écrire cette histoire, simplement rappeler quelques dates clés pour montrer que la transition s’inscrit dans un processus long et structurant.
Nous commençons ce récit en 1972, avec la publication du rapport commandé par le Club de Rome, communément appelé le rapport Meadows sur les limites de la croissance. Et non, la thématique du questionnement de la croissance, et donc de la décroissance, ne sont pas récentes du tout?!
C’était il y a 52 ans ! Après le choc initial, ce rapport a gentiment été enterré… jusqu’à ressurgir en 2022 à l’occasion de son 50ème anniversaire, qui a pu permettre des actualisations, de nouvelles recherches montrant la crédibilité des analyses de départ. Citons aujourd’hui le roman Cabane, d’Abel Quentin, qui revient sur la genèse de ce rapport, de manière romanesque bien sûr, mais qui montre l’intérêt de ce texte encore aujourd’hui.
Parmi les échos du rapport Meadows, il y a eu le célèbre discours du patron de Danone, Antoine Riboud, lors des assises du CNPF à?Marseille en 1972. Ce discours s’inscrivait dans une série d’événements liés à l’économie durable, les accords de Grenelle en 1968 pour le volet social, la première marée noire en 1969 pour le volet environnemental, et le rapport Meadows. Ce discours donna naissance au «?double projet?économique et social?» de Danone, et donc de toute entreprise. A l’époque, le CNPF (le MEDEF aujourd’hui) avait massivement rejeté cette idée qui interrogeait la place de l’entreprise dans la société. Il a fallu attendre 2019 pour que la loi PACTE instaure en France les entreprises à mission en leur permettant de définir leur «?raison d’être?». La SICAV Fideas ActForClimate s’inscrit dans cette tendance, elle est la première SICAV à avoir ce statut, et la 998ème entreprise à mission inscrite comme telle.
En 50 ans, des initiatives majeures se sont fait jour et marquent aujourd’hui les négociations internationales et des transitions concrètes pour les acteurs économiques (1).
- 1987 : publication du rapport Brundtland. Première ministre de Norvège, Gro Harlem Brundtland définit pour la première fois l’expression “développement durable”, ie un “développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs”. Ce rapport marque le début d’une prise de conscience internationale de cet enjeu.
- 1988 : création du GIEC.
- 1992 : Sommet de la Terre à Rio, premier événement consacré au développement durable à avoir un retentissement mondial (178 pays ont participé). A cette occasion est lancée la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), dont les Etats signataires se réunissent chaque année depuis 1994 pour les “conférences des parties” (COP).
- 1997 : Protocole de Kyoto (adopté lors de la COP 3), premier grand accord international sur le climat. Cet accord a été ratifié quelques années après par de nombreux Etats dont l’UE, pas par les Etats-Unis ou le Canada.
- 2000 : 8 objectifs du millénaire pour le développement ont été adoptés par 193 pays membres des Nations unies et 23 organisations internationales. Ces objectifs sont passés à 17 en 2015, ce sont les fameux Objectifs de Développement Durable (ODD).
- 2001 : Troisième rapport du GIEC qui établit que la décennie 1990 aura été la plus chaude depuis 1860 et insiste encore davantage sur la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique.
- 2007 : Attribution du prix Nobel de la paix au GIEC et Al Gore.
- 2008 : Adoption du paquet “énergie-climat” par l’Union européenne, qui comporte déjà des objectifs sérieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, d’augmentation des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Ce paquet a porté ses fruits.
- 2009 : échec de la COP 15 à Copenhague, pas d’accord contraignant et d’objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais une étape essentielle avant la COP 21 !
- 2015 : succès de la COP21 à Paris, approbation du texte, appelé aujourd’hui Accord de Paris, par l’ensemble des 195 délégations. Toutefois, l’Accord a été critiqué depuis comme insuffisant, et ce d’autant plus que les Etats-Unis en sont sortis suite à une décision de Donald Trump. J. Biden a toutefois remis les US dans l’Accord.
- 2017 : One Planet Summit à Paris sur le thème de la finance verte, événement réunissant 50 chefs d’Etat et de gouvernement.
- 2018 : Le GIEC appelle à ne pas dépasser un réchauffement climatique de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels ! Il faut être plus exigeant que l’objectif de 2 degrés. Et cela se retrouve aujourd’hui dans les scénarios.
- 2019 : présentation par la présidente de la Commissions européenne du Pacte vert (ou “Green deal”), “la nouvelle stratégie de croissance” de l’UE destinée à réduire les émissions de gaz à effet de serre, “tout en créant des emplois et en améliorant notre qualité de vie”.
En prenant du recul et en dépit d’une vitesse qui peut paraître trop lente à certains, les choses avancent et transforment nos sociétés et les entreprises.
Donc oui, la transition est un processus long et difficile. Oui, la guerre en Ukraine a perturbé la performance des stratégies ESG. Oui SFDR est imparfait et sera d’ailleurs réformé. Oui CSRD, c’est lourd pour tout le monde.
Mais non, le durable n’est pas une mode, nous le redisons aujourd’hui. La transition est une tendance lourde de l’histoire, la prise en compte de l’ESG par la finance aussi. Elle doit nécessairement être prise en compte dans la gestion. C’est difficile, frustrant, tout ce que vous voulez. Mais c’est indispensable pour investir, pour la compréhension des tendances économiques et réglementaires, pour la prise en compte des risques.
Let’s be Smart For Climate !
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