Novembre 2024

Les scénarios climatiques ont été développés par la communauté scientifique, sous l’impulsion du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et sont devenus des outils essentiels dans la mise en place de la transition bas-carbone par les sphères financières et industrielles.  

Le GIEC (ou IPCC) définit un scénario par une “description vraisemblable de l’avenir, fondée sur un ensemble cohérent et intrinsèquement homogène d’hypothèses concernant les principales forces motrices (rythme de l’évolution technologique, prix, etc.) et les relations en jeu”. Un scénario n’est pas une prédiction de l’avenir, mais un futur vraisemblable. Il est en général défini à l’échelle internationale ou nationale.  
Lorsqu’une entreprise développe un plan de transition, il est nécessaire qu’elle s’appuie sur un scénario de référence : elle doit mettre en place un processus de transition qui doit respecter les hypothèses déterminées par le scénario. On dit alors qu’elle « s’aligne » sur le scénario.  
 
Si la complexité des scénarios est variable, on retrouve plusieurs éléments constitutifs essentiels :  

1-La temporalité : un scénario climatique doit avoir une date de début et une date de fin, on parle d’horizon.  

2-La modélisation du système climatique dans son ensemble est essentielle pour déterminer les impacts des émissions de gaz à effet de serre.  

3-En général, un scénario climatique a pour objectif de déterminer une trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre. On parle de scénario bas-carbone lorsque l’objectif est de limiter le réchauffement à une température inférieure à 2°C. Il est alors possible d’adosser à ce scénario un budget carbone, qui est la quantité cumulée maximale de gaz à effet de serre pouvant être émis.  

4-Afin de déterminer les trajectoires d’émissions, il est nécessaire d’émettre des hypothèses socio-économiques : évolution démographique, perspectives économiques, progrès technologique et développement des technologies bas-carbone, situation géopolitique internationale.  

Parmi les variables d’observation qui peuvent être intéressantes pour un investisseur ou une entreprise, on retrouve :  

  • Les trajectoires d’émissions qui déterminent une quantité de réchauffement ;  
  • L’évolution de la production d’énergie primaire par source d’énergie et son prix ;  
  • La répartition des émissions de gaz à effet de serre dans les différentes industries ;  
  • L’évolution du prix de la tonne de CO2 ;  
  • L’orientation des investissements nécessaires pour s’aligner sur un scénario.  

Illustrons nos propos avec un exemple de scénario développé par l’ADEME, l’agence de la Transition Ecologique en France, qui a établi quatre scénarios compatibles avec un réchauffement en-dessous de 2°C d’ici la fin du siècle (compatible donc avec l’Accord de Paris) en France. Chaque scénario détermine une trajectoire d’émissions entre l’année 2015, qui sert d’année de référence, et l’année 2050 date à laquelle tous les scénarios atteignent un niveau net d’émissions nul.  

Le scénario des « Technologies vertes »  

Ce scénario mise sur le développement technologique pour mettre en place une transition bas-carbone plutôt que sur le changement des comportements (vers la sobriété). On donne une valeur marchande au capital naturel pour trouver des solutions de protection. Dans ce scénario, l’hypothèse suivie est un découplage entre la création de richesses et les impacts environnementaux. L’industrie, de manière générale, est un peu moins productrice en volume mais davantage en valeur ajoutée grâce à la décarbonation. Voici quelques exemples de choix faits dans certains secteurs industriels :  

  • Les services numériques se développent, les meilleures technologies sont accessibles aux populations solvables. Il y a cependant un risque d’exclusion pour les populations les plus pauvres.  
  • La production de biomasse, notamment forestière, à hauteur de près de 100 TWh est une clef de réussite du scenario. Elle est utile pour produire de l’énergie et récupérer le CO2 pour le stocker en sous-sol.  
  • L’hydrogène y compris importé, via infrastructures de transport, tient une place importante dans les usages industriels, comparable à la biomasse.  
  • Sans réelle pression à la baisse en volume, l’accélération technique des mobilités décarbonées permet une réduction de 94% des émissions.  
  • Le stockage de ce CO2 complète l’électrification de l’industrie et permet 30% d’économies d’énergie et 86% de réduction des émissions.

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